Charleroi

Temps de lecture : 10 min | 3-4 août 2020

7h de vélo à fond la caisse pour relier Tournai à Charleroi. Mon hôte et sa compagne m'accueillent à leur table, la bouteille de liqueur de groseilles déjà bien entamé, un sphinx sur les genoux.

(NDLR. Il m'aura fallu 3 verres de groseilles pour me rendre compte que je n'avais pas lancé l'enregistrement).

Et c'est parti !

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Rive Gauche et voitures à droites

Pour vous, le plus gros changement a été l'arrivée du mall Rive Gauche, construit par des gens d’Anvers par dessus les Colonnades, vestige de l’exposition universelle, puis racheté par des Américains. Qu’est-ce que vous avez comme craintes autour de ce projet ?

Lui : Ma crainte c’est que ça a quand même pulvérisé la moitié du commerce de la ville ! Je travaille au bar “Princesse Mathilde", juste à côté et d’un coup, je me suis retrouvé à être payés seulement les deux tiers de mon salaire, plus assez de clients !

Rive Gauche a ramené plus de 3000 places payantes avec son parking souterrain (NDLR. le projet en compte 1000) mais avant, on avait des places devant le bar. Les gens se garaient, prenaient un café à la volée, sans forcément payer le parcmètre… et si la police arrivait, hop ils repartaient ! C’était un truc propre à Charleroi, tout ça on ne l’a plus depuis l'arrivée de ce nouveau parking. Maintenant la police est aux aguets et je n’ose plus aller en ville, si je fais la même chose j’en ai direct pour 25€ d’amende.

Elle : Moi je vais dans un endroit où on ne paye pas le parking. Pour la plupart des villes, on paye. Tu as des gens qui viennent pour les fêtes de fin d'année et il y a une file de dingue, tu ne sais pas pourquoi. Finalement, ce sont les automobilistes qui attendent qu’une place se libère dans le parking souterrain du mall.

(NDLR. J’apprends en écrivant l’article qu’en plus du parking, plusieurs commerces locaux ont dû laisser leur place à Rive Gauche. Que sont devenus les commerçants des colonnades ?

Face-a-face

En haut, les commerces Rive Gauche, en bas les commerces du quartier. Les deux facades se font faces.

La galerie fantôme

Petit point rapide car je n’avais pas lancé l’enregistrement. Créatrice de bijoux, tu avais un atelier que tu as dû quitter car tu ne pouvais plus le partager à cause du COVID et tu as décidé de venir t’installer à Charleroi depuis 2 ans. Qu’est-ce que tu penses de l'arrivée de Rive Gauche ?

Elle : On se retrouve avec des chaînes de magasins. J’aurais préféré des magasins du coin mais ce n'est pas le principe du centre commercial. J’ai bossé dans une bijouterie, DanyOrCréation, située dans une galerie couverte datant du 19eme siecle, attenante au centre commercial et qui, au niveau de l’urbanisme, est considérée comme une rue.

Quand Rive Gauche s’est construit, dans la continuité de la galerie, les commerçants étaient OK tant que le statut de “rue” était respecté. Au final, Rive Gauche ferment leurs portes et la galerie devient un cul-de-sac, les commerçants meurent doucement. Enfin, il y a une porte mais elle ne sert pas à grand chose car ce n’est plus les mêmes clients, il y a des gens qui sont dans le commerce de la chaîne et ceux qui ont conscience du petit commerce.

Une gallerie bien vide...

Une gallerie bien vide...

Un doigt d’honneur à l'événementiel

Pour vous, quel est l'événement culturel le plus imposant à Charleroi ?

Elle : Ils essaient de faire des trucs avec l’Eden, qui est le centre culturel de Charleroi. Après, ils ont essayé de faire le doigt d’Alzon.

Lui : La procession du doigt d’Alzon vient d’un cafetier de la place de la digue, en l’honneur du prêtre Emmanuel d'Alzon (NDLR. La legende viendrait de la perte accidentelle en 1978 d’un doigt de la main droite de la statue du Père d'Alzon située dans le Collège Saint-Michel à Gosselies, réapparu “miraculeusement” en 2016 à Charleroi).

Juste un doigt ©JHC ?

Juste un doigt

Lui : Il y a 3 ans, ils ont lancé le défilé, les médias s’en moquaient un peu mais maintenant tout le monde se bat pour y participer. Des personnes portent des doigts sur la tête et vont dans toute la ville, de bar en bar et font honneur au doigt.

Elle : Il y a aussi le bal blanc, toute les personnes sont habilles en blanc mais c’est devenue un evenement un peu festueux. C’est organisé par l’Eden (CPAS de Charleroi) donc c’est très propre, stéréotypé, c’est communal et subsidiés quoi !


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